Le “terrible two” ou la crise des 2 ans
Entre les colères, les « non » à répétition, vous ne reconnaissez plus votre enfant. S’habiller, manger, dormir, prendre son bain, mettre son manteau... Si jusque-là votre enfant était très collaboratif, aujourd’hui, il s’énerve et refuse la moindre consigne. Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Quand a lieu cette période ? Comment réagir ? Eclairages sur ce que certains appellent « la première adolescence ».
I. Quand à lieux le terrible 2 :
La durée et les stades de développement varient d’un enfant à un autre. Chaque enfant à son propre rythme mais en moyenne cette période débute autour de 2 ans. 25% des enfants débutent cette période avant deux ans, 25% ne l’ont pas atteinte à deux ans. 50% des enfants vivent cette période à deux ans. Ainsi, elle peut débuter autour de 18 mois et durer jusqu’à 4 ou 5 ans.
Cette période est une étape très importante dans le développement de votre enfant. Elle lui permet d’affirmer son identité. « Il prend ainsi conscience de sa place dans le monde, comprend mieux ses envies et ses besoins et ose les affirmer. Cette période est donc tout à fait normale et même bénéfique.
Bien accompagnée, cette phase d’opposition ne dure que quelques semaines. »
II. Comment expliquer ces changements
Les descriptions partagées ici ne sont pas à prendre à la lettre, elles sont données à titre indicatif pour vous permettre de mieux appréhender cette évolution. Elles varient d’un enfant à un autre.
L’autonomie et la confiance en lui
Cette période est une transition pour votre enfant. Il présente des attitudes extrêmes et contradictoires. Il exige que ses volontés soient satisfaites immédiatement et est têtu.
On parle de transition parce qu’il passe de ce jeune bébé qui vient tout juste d’apprendre à marcher à ce petit enfant d’âge préscolaire. Il oscille entre « je reviens en arrière et redeviens un bébé » et « je suis grand, je me débrouille tout seul ». Ainsi, il est balloté d’avant en arrière, entre son désir d’indépendance et son besoin d’être materné, rassuré, sécurisé. « Il va donc chercher à affirmer cette identité, en exprimant notamment son désaccord et en s’opposant aux consignes qui vont à l’encontre de ses propres envies. »
Il essaie de faire des choses qu’il a du mal à faire seul : exemple s’habiller seul. Il va refuser catégoriquement que vous l’aidiez à le faire puis il va se rendre compte qu’il n’arrivera pas à le faire seul. Il se mettra alors dans une colère noire car vous ne l’aidez pas à le faire… et qu’il n’y arrive pas tout seul!
Les émotions
Durant cette période, votre enfant vit tout de manière très intense, sans être en capacité de réguler ses émotions. Il peut passer du rire au larme, à la colère, à la tristesse, à la frustration, autant de sentiments qu’il ne sait pas encore gérer.
Cet état n’est pas un caprice mais le reflet de son immaturité émotionnelle. C’est une période de tempêtes émotionnelles. Il passera de « je veux » à « je ne veux pas » en une fraction de secondes….
Certaines zones de son cerveau sont encore immatures, ce qui engendre des changements d’humeurs plus ou moins intenses.
Par ailleurs, il a un fort besoin d’être rassuré et sécurisé, d’avoir des repères importants dans la journée. A titre d’exemple il est très attaché à certaines choses : exemple les mêmes livres ou les mêmes comptines qu’il va vouloir répéter sans se lasser. Les routines et rituels le rassurent énormément.
III. Comment accompagner cette période
Dormir
Une régression = une acquisition
En tant qu'adultes, il est difficile de comprendre à quel point cette période peut être difficile pour les enfants. Lorsque votre enfant fait une nouvelle acquisition ou réalise quelque chose de nouveau, son corps et son cerveau sont très sollicités, si fort qu’il lui est difficile de :
se calmer ;
de dormir tranquillement ;
de jouer tout seul ;
son appétit peut également être modifié.
Une résistance au sommeil
Votre enfant s’éveille de plus en plus au monde qui l’entoure, à son environnent et aux visages familiers qui le composent. Il tisse chaque jour un peu plus des liens profonds avec ses parents … Dès lors, au lieu de se détendre et d’écouter son corps et sa fatigue, il lutte contre le sommeil et souhaite pleinement profiter des diverses stimulations de l’environnement qui l’entoure.
Un rituel du coucher doux et apaisant permettra de rassurer l’enfant et l’aidera à vider son trop-plein d’émotions.
Manger
Le comportement de votre enfant au moment du repas peut évoluer. Il va progressivement affirmer son identité, ses goûts et refuser de rester assis ou bien encore de découvrir de nouveaux aliments. C’est aussi la période durant laquelle il va commencer à manifester une certaine sélectivité alimentaire. Variez les présentations des plats, proposez lui à plusieurs reprises.
Apprendre à bien manger ne se fait pas du jour au lendemain !
Coopérer
S’habiller, manger, dormir, prendre son bain, mettre son manteau... Si jusque-là votre enfant était très collaboratif, aujourd’hui, il s’énerve et refuse la moindre consigne.
Pour le faire collaborer, reformulez votre demande d’une voix plus douce et proposez lui un jeu : je vais mettre mon manteau plus vite que toi ou bien un choix : tu veux mettre tes chaussures rouges ou noires ?
Communiquer autrement
Limitez le nombre de « non » que vous utilisez dans vos phrases. Si vous dites « non » à longueur de journée, votre enfant sera tenté de faire la même chose.
Privilégiez plutôt des formulations positives quand vous vous adressez à votre enfant. Ne lui dites pas : “ne sort pas de ton lit jusqu’à demain matin” mais plutôt “reste allongé tranquillement dans ton lit. On se retrouvera à ton réveil demain matin”.
Tentez également la diversion : les enfants de cet âge se mettent vite en colère, mais se calment aussi très vite !
IV. Comment anticiper les crises
La bienveillance n’empêche pas le cadre et les limites :
Expliquez et maintenez des limites claires sur ce qui vous semble non-négociable (l’heure du coucher, le bain, les repas, les doigts dans la prise par exemple).
Une fois la tempête émotionnelle passée, communiquez avec votre enfant afin d’essayez de comprendre ce qui s’est passé.
Suggérez lui d’autres façon de se comporter.
Reconnaître et nommer les émotions
Durant cette période, nous vous recommandons de mettre des mots sur ses émotions et de lui laisser le temps de les exprimer.
Pour finir accompagnez votre enfant pour qu’il puisse se calmer une fois que la tempête est terminée.
Vous pouvez pour cela lui lire des livres qui reflète cette période, avec ses personnages préférés. Vous pouvez également l’aider avec des livres qui reflètent les différentes émotions.
Lorsque votre enfant parlera mieux, il pourra davantage s’exprimer, ce qui limitera également l’intensité de ses frustrations !
Restez ouverts au dialogue : un peu comme avec les adultes, les enfants ont besoin d’être entendus. A titre d’exemple, lorsque nous ressentons une émotion forte nous apprécions l’empathie. En effet, il est beaucoup plus agréable d’avoir une personne qui nous dit : « tu es triste je suis là pour toi » plutôt que « va te calmer dans ton coin, appelle moi quand tu iras mieux ! »…
Anticiper les difficultés
Dans cette période de crises à répétitions, les nerfs des parents peuvent être mis à rudes épreuves. Des solutions peuvent vous aider à anticiper au maximum les difficultés :
Privilégiez des activités calmes le soir ;
Donnez des occasions à votre enfant de se dépenser durant la journée ;
Remplissez le réservoir affectif de votre enfant : vous devez vous assurer que ses besoins affectifs sont comblés. Pour cela, offrez-lui beaucoup de bisous, de câlins, d’amour ! Prenez du temps avec lui, créez des moments de complicité.
Assurez-vous que son rythme journalier est comptable avec ses besoins. Couchez votre enfant un peu plus tôt le soir vous permettra de retrouver un enfant beaucoup calme et beaucoup plus serein au réveil.
Introduisez un rituel du coucher rassurant et apaisant qui servira de repère pour votre enfant. En effet, votre enfant a besoin d'un ensemble de rituels réconfortants et prévisibles pour l’aider à se préparer physiquement et psychologiquement au sommeil. De manière plus générale, les rituels permettent de rythmer la journée des jeunes enfants car ils n'ont pas encore la notion de temps.
Dédramatisez, bien qu’intense cette période ne durera pas jusqu’à ses 18 ans !
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